12. Athinai



À la gare d'Athinai, le personnel grec était agité et nerveux. Ils criaient beaucoup et il y avait souvent des disputes avec les voyageurs. Mais en même temps, cela semblait naturel. Nous sommes partis à l'aventure dans la ville avec un plan peu hiérarchisé. Cette ville est très surprenante, mais je m'y suis senti comme chez moi. Elle me rappelle beaucoup les villes italiennes que j'affectionne. La circulation y est du même type, assez arrogante, mais même sans moteur nous sommes arrivé à trouver notre place. C'était juste dangereux.

Nous avons rapidement trouvé à manger. J'étais assez déçu des sandwichs que j'ai acheté. À un café nous avons bu un cappucino puis demander des renseignements.
Nos objectifs pour la journée étaient les suivants. Laver notre linge sale de deux semaines, se laver dans des thermes, aller au port d'Athinai pour se renseigner sur les bateaux pour Heraklion. S'il y avait un bateau de nuit pour la Crète, nous le prenions et repassions par Athènes deux jours plus tard pour visiter l'Acropole. Sinon, nous visiterions le soir même et irions et train à Florina à la place de la Crète.
Évidemment, à part laver notre linge, rien ne s'est passé comme prévu.

Pour le linge, très bien, nous avons trouvé une laverie, ça nous a fait du bien. En attendant que les machines tournent, je marchais dans les rues de la ville à la recherche d'eau. Partout je ressentais cette impression familiale.
Quand nous demandions aux habitants où se trouvaient les thermes, ils nous envoyaient toujours sur des vestiges antiques, des ruines près de l'Acropole. Mais ce n'était pas ce qui nous intéressait. Nous avons finalement fini par abandonner l'idée de se baigner et par peur d'être en retard, nous avons rapidement pris la route du port. Le port d'Athinai est Pyraeus. C'est une autre ville, éloignée d'environ sept kilomètres. La route descendait, nous avons choisi d'y aller en vélo. La route était longue et dangereuse, et avec nos vélos monovitesse nous pédalions trop souvent dans le vent sur ce genre de grands chemins.
Malgré tout, nous sommes arrivé au port, c'est un désordre sans nom qui s'est offert à nous.



Nous avons fait je ne sais pas combien d'aller-retours entre les différents guichets pour avoir comment aller en Crète. Les guichets étaient situés de part et d'autre d'une large route folle, d'un kiosque qui bloque la circulation piétonne, et de trottoirs démesurément submergés de publicités et d'informations.
Nous avons enfin été fixé sur la compagnie qui nous offrait une réduction pour Heraklion. L'aller-retour nous coûterait cent-cinquante euros. C'était trop pour nous, nous sommes partis. Nous avons décidé de retourner à Athinai en vélo plutôt qu'en train. Nous nous disions qu'il suffirait de reprendre la même route dans l'autre sens. Mais nous ne l'avons pas retrouvé et avons continué dans une mauvaise direction. Par malheur nous avons dévié notre trajectoire sur des routes de moins en moins confortables jusqu'à arriver à l'entrée d'une autoroute. Nous avons rebroussé chemin pour nous tromper à nouveau et dériver de plus belle et enfin arriver dans une ville de banlieue où le seul moyen de retrouver Athènes était de longer une voie rapide en roulant sur le bord. Nous n'avions pas le choix et avançions prudemment.
La route s'est compliqué et nous avons dû emprunter des passerelles autoroutières. Je ne sais pas commentnous nous y prenons, mais nous nous retrouvons toujours confrontés aux autoroutes dans la moitié des villes que l'on visite. Notre trajet s'est terminé par un parcours minutieux sur les trottoirs de la zone industrielle, après plusieurs kilomètres nous avons retrouvé Athiani.

La journée avait passée, il n'y avait presque plus de lumière et nous étions épuisés. Pourtant nous sommes remontés au sommet de l'Acropole mais nous sommes arrivés à 19h, heure de fermeture. Très déçus, nous sommes allé sur un rocher gratuit qui donne une vue imprenable sur la ville et le Parthénon.






Les cigales de l'Acropole.





Les gens qui étaient là étaient nombreux mais très calmes, je les aimais bien. Ils contemplaient la ville sans dire un mot.

Nous nous sommes calmé nous aussi et sommes redescendus pour trouver un chouette petit restaurant. Le premier a fait l'affaire et quelqu'un est venu se joindre à notre table. Il s'appelait Gérard, il parlait très bien français et comme c'était un vrai personnage, il nous a fait la conversation pendant tout le repas. Il est coiffeur, sympathique, et nous a raconté sa vie. Nous avons formidablement bien mangé pour 10 euros seulement. La nourriture grecque est admirable, à base de bons légumes, de fromage et d'huile d'olive.
Vers 22h nous avons pris congé de Gérard pour rejoindre la gare. Elle était saturée et complètement bordélique. Vu le nombre de personnes qu'il y avait sur les quais, nous savions que le voyage serait difficile et qu'il faudrait être forts. Quand le train est arrivé, tout le monde s'est bousculé pour se précipiter dessus. Nous avons chercher un wagon assez éloigné pour fuir la masse, mais c'était la même chose de partout au final. Nous avons trouvé deux places pour nous dans un wagon bondé et nous en étions quand même fier. C'était un train régional, donc sans couchette et sans compartiment.
Les passagers étaient très excités, agités et faisaient tout sauf nous aider avec nos vélos. Nous avons essayé de les fixer au-dessus de nos têtes, mais tout le monde s'est plaint de notre entreprise. Un contrôleur est alors venu nous interdire de les attacher et nous a mené jusqu'à un wagon caché à l'arrière du train, réservé aux bagages importants. Il nous a expliqué qu'au moment de notre correspondance à Plati, nous pourrions les récupérer pour environ deux euros. Contrairement à de nombreux contrôleurs rencontrés, celui-ci avait le mérite d'expliquer les choses.

Nous avons regagné nos places. Le plus agaçant était toutes ces personnes qui ont de très gros bagages gênants mais à qui l'on ne dit rien parce que ça n'a pas la tête de vélo plié. J'ai l'impression que cela dérange beaucoup les personnes de voir que l'on peut voyager facilement et librement avec nos petits vélos, et tout le monde défoule son aggresivité sur ce type de bagage quand le voyage les rend nerveux.
Nous avons un peu joué avec notre poker bricolé à Sofia, puis nous avons tout plié. Le contrôleur est venu me voir pour vérifié nos billets. Je n'ai pas compris parce que nous avions déjà été contrôlé par lui une première fois et qu'il est revenu exprès pour nous. Il a pris nos tickets et sans rien dire est parti en les emportant. Nous avons attendu et nous sommes endormis à nos places. Mais quelques arrêts plus loin, une Grecque est venue me réveiller en me réclamant sa place qu'elle avait réservée. C'était l'horreur, rien n'était indiqué pourtant elle avait bel et bien son ticket. Nous ne comprenions plus rien. À la gare, on nous avait dit qu'il n'était pas nécessaire de réserver.
Nous avons donc dû déménager, être encore une fois l'attraction préférée des passagers tendus du wagon saturé. Tout le monde avec quelque chose à nous dire, un commentaire à faire sur la situation, mais c'était du grec. J'en ai marre d'être le petit clown. Je suis toujours obligé de porter mon haut de forme de Budapest, pour ne pas l'abîmer dans le sac. Évidemment, ça attire beaucoup les regards.
Le contrôleur qui m'avait confisqué mon billet a refait surface au moment où nous étions perdus. Il nous a ordonné d'aller dans le wagon caché des bagages, de continuer encore plus loin et d'attendre qu'il vienne nous rendre les tickets. Complètement déboussolés, nous avons marché dans le long wagon de rangements pour aboutir à un deuxième wagon caché, encore plus étonnant. C'était le genre de wagon a compartiments qu'on ne trouve que dans les trains internationaux et que nous cherchions toujours pour passer la nuit. Les sièges y sont dépliables et si l'on est peu, on peut espérer passer une nuit reposante.
Il n'y avait malheureusement aucun compartiment vide. Nous avons atterri avec deux Grecs et un Albanais tous très gentils. Nous étions cinq et il restait une place, mais ces trois messieurs chassaient systématiquement tout nouveau voyageur qui voulait s'installer avec nous. Ils ont été inexplicablement protecteurs avec nous. Difficilement nous avons dormi et nous sommes arrivé à Plati pour notre correspondance de 7h du matin. Le contrôleur nous a rendu nos billets, nous avons pu récupérer nos vélos sans payer un sous, et nous avons rouler jusqu'à Florina pour arriver vers 9h dans la dernière ville avant la Macédoine.

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