27. Kiruna


photo : Dana Hamburg

Kiruna est dans tous les guides touristiques et les écoliers et étudiants de Suède viennent ici pour visiter le patrimoine architectural. Malgré cela, cette ville industrielle, soyons honnêtes, a très peu de charme. Elle a simplement une destinée qui la rend tragique. Elle a été construite pour exploiter la mine, mais la mine va détruire la ville par un affaissement gigantesque. Soit ils arrêtent l'exploitation et la ville meurt, il n'y a plus de travail. Soit, et c'est ce qui a été décidé, ils continuent de creuser, la ville disparaît et on en construit une autre plus loin. Alors c'est très nostalgique, mais ce n'est pas Venise pour autant.


Les fameux ripas géants de Kiruna.










Le ciel était couvert toute la matinée, le bruoillard n'a rien arrangé à l'ambiance déprimante de la ville. Je suis allé m'approvisionné dans un supermarché de la ville et j'ai décidé de prendre la route de Jukkasjärvi qui est à 18km. Kiruna est en hauteur donc il est facile de descendre à vélo, c'est très agréable. Mais dans un premier temps, je me suis trompé de direction. Je me suis rendu compte de mon erreur quelques kilomètres plus loin et j'ai dû tout remonter. Le temps était vraiment froid et humide, entre 7 et 10 degrés, et j'ai ajouté un pull à ma tenue. Je bois souvent la bouteille de Żubrówka achetée à Gdańsk pour me donner du courage.


Je suis passé à côté d'une décharge en traversant les forêts. L'odeur est vraiment forte car l'air est très pur et je me suis senti obligé de faire un petit détour.


Les déchets, bizarrement ont l'air d'être abandonnés. C'est la première fois que j'ai été surpris à propos de leur propreté.

Il y avait parfois un peu de bruine. Je suis maintenant en pleine Laponie, au dessus du cercle polaire arctique, et j'ai vraiment l'impression d'être en hiver. Le voyage me perd et c'est commpe si j'avais passé une année complète depuis mon départ.
Je suis retourné avec peine à Kiruna et j'ai repris le chemin pour Jukkasjärvi, sans me tromper cette fois-ci, en demandant mon chemin plusieurs fois. Ma carte n'indiquait que le centre-ville et je voulais partir très loin dans la nature.


Sur la route de Jukkasjärvi.


Sur la route de Jukkasjärvi. Ici le sol est en fait un immense marécage rempli de mousse. Je me suis complètement mouillé les jambes pour aller prendre cette photo.









Kiruna. Les bruits de la forêt.


Cette forêt est vraiment envoutante. À chaque pas on a envie d'aller plus loin, mais le sol est constitué de pierres recouvertes de mousse. On glisse souvent et on se retrouve trempé très vite.



Jukkasjärvi est à environ 18 kilomètres de Kiruna, et c'est une sacré distance à parcourir avec un gros sac attelé à l'arrière. J'ai fini par arriver au petit village plus charmant que Kiruna. C'est quand même très touristique. Il y a le mondialement connu Ice Hotel, mais fermé pendant la saison été.


La glace du Ice Hotel.








Jukkasjärvi. Au lointain, un immense élevage de chien de traineau.

Tout au bout de la route, il y a une petite église en bois du XVIIe siècle et des jeux pour enfants où les bambins viennent jouer seuls sans personne pour les surveiller. J'ai mangé et dormi près de ces jeux. Je suis ensuite allé visiter la merveilleuse petite église. J'ai été très bien accueilli. On m'a offert du café et des pâtisseries locales. j'aurai adoré jouer de l'orgue mais le prêtre ne savait pas le faire fonctionner. Ils m'ont expliqué la signification de leurs tableaux de souvenir, comment le christianisme est arrivé jusqu'aux Lapons.





Mon plan était de prendre un train au départ de Kiruna et en direction de Narvick en Norvège. Mais le trajet est assez court et il n'y a pas de train de nuit qui relie ces deux villes. J'en étais conscient, je savais que je devrais attendre 7h du matin en trouvant un endroit où me réfugier et où peut-être dormir. J'avais imaginé trouver quelqu'un de gentil pendant la journée qui aurait bien voulu m'héberger pour un peu de temps. Mais comme j'ai rencontré très peu de monde, cette possibilité a disparu. Je n'étais pourtant pas affolé car j'avais déjà dormi dehors à Lausanne et à Thessaloniki. Oui mais voilà, je n'avais pas prévu qu'il fasse un froid de canard dans cette région d'Europe en plein mois d'août, avec de l'humidité et du vent.
J'aurai bien aimé dormir dans la petite église de Jukkasjärvi, il y faisait bon et chaud. Mais à cause de son éloignement, je n'aurai jamais pû attraper le train de 7h du matin. Je suis donc reparti pour Kiruna en faisant la route dans le chemin inverse, c'est à dire en grimpant. C'était vraiment horrible. Le chemin était si long.
J'ai fini par rejoindre Kiruna et j'ai découvert sa très grande Église, qui n'est pas si mal. Encore une fois, j'ai pensé à y dormir en me cachant dans un coin discrètement, mais avant que je ne tente quoique ce soit, quelqu'un est venu me demander de partir car c'était la fermeture.





Je suis donc reparti, j'ai erré en ville avant que le soleil ne se couche. Mais aucune possibilité ne s'est offerte à moi. Mis à part un hôtel, mais je refusais de payer ce genre de supplément pendant mon voyage en train. Je me suis réfugié dans le petit hall de la gare de Kiruna où j'ai pû terminer mon pain et mon fromage frais. Je me suis allongé sur des sièges, le sac près de moi et j'ai trouvé le sommeil. Mais vers 20h, un garde est venu me chasser pour fermer à clé le hall de la gare jusqu'à 5h du matin. Je me suis retrouvé sur un banc dehors ne sachant pas quoi faire de tout ce temps à passer dans le froid.
J'ai d'abord fait les cent pas sur le quai de la gare, puis j'ai tenté de m'allonger sur le banc avec mon oreiller. Mais il faisait bien trop froid et j'e n'arrivais pas à trouver le sommeil. Parfois un train arrivait, des gens descendaient, criaient et riaient mais je gardais les yeux bien fermés pour ne pas les voir.
La nuit est tombée très, très doucement l'aurore a duré plus de deux heures. L'obscurité a amené de la rosée de partout. Je marchais régulièrement pour me réchauffer. J'ai attaché mon vélo à un poteau près de la gare et j'ai décidé d'aller dormir juste un peu plus loin. J'étais attiré par l'herbe. Même très humide, elle conservait un peu de chaleur, peut-être parce qu'elle est remplie d'être vivants. J'ai étendue ma capeline en plastique pour me préserver le dos et je me suis allongé avec la tête sur le sac à dos. J'ai posé mon duvet sur mon corps. Bien sûr ce n'était pas suffisant pour apprécier le froid, même emmitouflé dans mon manteau, mais c'était suffisant pour trouver le sommeil. Je buvais de la vodka pour me réchauffer et m'endormir à la fois.
L'endroit était assez glauque, derrière la gare. J'étais juste près d'une nationale, de temps en temps, les feux des voitures m'écliaraient. Mais je me fondais assez bien dans le paysage et ne redoutait absolument pas d'être embêté par qui que ce soit. Très triste et avec une envie pressante de quitter ce pays, j'ai dormi. J'aurai aimé partir loin, très loin, fuir. Mais il n'y avait aucun train de nuit à Kiruna. Je pensais même ne pas aller à Narvick, redescendre tout de suite à Stockholm et plus bas encore vers la chaleur. Mais je me suis convaincu d'aller jusqu'au bout de mon plan pour l'expérience et pour les photographies.
Un moment, une voiture est passé près, et des jeunes sont sortis, ils trainaient dans la ville. Ils se sont approché des vélos puis ils sont repartis, j'étais content que personne ne pouvait me voir. Vers 4h du matin, je n'en pouvais plus. J'ai tout remballé dans mon sac et j'ai marché en ville. Le sac à dos me réchauffait et m'épuisait et j'étai content car je pourrais trouver le sommeil plus facilement. Quand j'étais sur la place centrale de Kiruna, une voiture de police est venue me surveiller puis est repartie. Après trente minutes de tours dans la ville, j'en avais vraiment marre. Je suis repassé devant les oiseaux blancs géants et je suis retourné sur mon banc à la gare. Il était très tôt, mais l'aube commençait déjà. J'ai voulu rapprocher le vélo de moi maintenant que j'étais éveillé. Je suis allé le chercher et je l'ai fait rouler plié jusu'au banc. Mais ce n'était pas comme d'habitude, je n'arrivais pas bien à le prendre en main.
Et c'est à ce moment que j'ai réalisé qu'on m'avait volé ma selle. J'étais fou de rage. C'était ans aucun doute les jeunes que j'avais vu traîner près de mon vélo. Si je les avais vu faire ça, je les aurai défoncé violemment. Ce n'est pas si grave en soi de perdre une selle de vélo, mais cette bicyclette est tout ce que j'ai depuis un moi, elle est ma fidèle compagne qui me permet une immense liberté. J'ai passé sans problème les Balkans et quelques endroits peu rassurants de l'Europe et voilà qu'à l'extrême Nord de la Suède, on me vole ma selle. Ce n'était pas seulement ridicule, c'était exaspérant. Je ne me sentais vraiment pas bien.
En pleine colère, je cherchais un autre vélo pour lui prendre sa selle, j'ai fait tout le tour de la gare comme ça a bien tout regardé, mais il n'y avait pas dd'attache rapide. Sur le coup, j'avais oublié que j'avais plein d'outils avec moi. Pendant un moment, j'ai détesté la Suède. Je voulais lui faire du mal. Je voulais retrouver ces adolescents blonds et leur faire très mal.
Mais à 5h, le hall de la gare a miraculeusement ouvert ses portes et j'ai pu aller me réchauffer un peu. Je n'arrivais plus à dormir, j'étais trop excité. À 7h00, j'ai pris mon train pour Narvick. Je suis entré dedans un peu en avance pour me mettre à l'aise. J'étais seul et la dame qui est venue me contrôler était très gentille avec moi. Je me suis calmé et j'ai trouvé le sommeil sur les sièges du transfrontalier. Il faisait chaud, c'était génial.
Mais peu de temps après nore départ, un immense groupe de Suédois parés pour la randonnée est monté à une station. Il sont venus occuper tous les sièges, jusqu'à s'asseoir juste à côté de moi et se sont mis à parler fort et à crirer. Ils étaient tous excités de partir en voyage et de voir les montagnes. Ils comparaient leurs appareils photos et parlaient technique. Ils devaient être quarante, débordant d'énergie et de café.
J'étais de nouveau en rage contre eux et j'aurai pu cogner quelqu'un s'il n'y avait pas eu ces magnifiques paysages à la fenêtre qui me consolaient d'avoir été une fois de plus réveillé. Nous passions la frontière norvégiennes, et le spectacle étaiat à couper le souffle.





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