26. Östersund


Lac d'Östersund.


J'ai pris un train régional en direction d'Östersund. Ces trains sont très bien fichus, ils possèdent des places assises qui ne me coûtent rien, ou alors 3,5€ pour une réservation. Je me suis endormi dans un siège comme les autres voyageurs. Mais quand je me suis réveillé au petit matin, j'étais tout seul dans le wagon. Seul à voyager jusqu'à Östersund.
Je suis arrivé vers 7h du matin, tout était fermé en ville. Le centre-ville n'a pas beaucoup de charme. C'est une ancienne ville militaire, très carrée et ordonnée. Je suis allé sur la grande place, elle était en travaux et je pense que le final sera chouette. Il y avait un petit centre commercial avec un café ouvert. J'ai bu un cacao chaud qui m'a donné la force pour le matin. Je suis ensuite monté dans les hauteurs de la ville. La température a considérablement baissé, je ne quitte plus mon manteau. Près d'un petit terrain de football, dans l'herbe mouillée par la rosée, je me suis allongé en attendant 9h du matin.







Quand l'office du tourisme a ouvert, je suis allé chercher une carte pour m'aventurer au-delà de la ville. Je ne savais pas du tout où aller ni que voir. Je pouvais être très déçu de visiter des petites villes seul, c'est quelque chose que je redoutais aussi. Dans les moments d'ennui ou de fatigue, être seul est difficile. Mais partir à l'aventure de soi-même pousse vraiment à dépasser ses craintes et à aller au bout de ses envies. Et même si ce que je vais voir n'est pas merveilleux, le simple fait de se mettre dans cet état suffit à créer le voyage.
Je suis descendu jusqu'au port, très calme le matin. Östersund est au bord d'un grand lac et j'ai décidé d'en faire le tour. J'ai fait des provisions de pain polaire, de fromage frais, de renne fumé, et de yahourt à boire. Le long des berges ont croise très souvent des sportifs qui courent. Courir, courir, ils adorent ça. Je me suis arrêté pour discuter avec un pêcheur et son chien agressif. Il travail à l'hôpital et vient souvent pêcher dans le lac. Il et né dans l'Uppland, au Sud de la Suède et est monté en Götland pour sa femme.


Le pêcheur, son chien, et une sculpture représentant le monstre marin qui habiterait le lac d'Östersund.

Sur une autre île, en dessous d'un grand pont qui relie deux rives, je me suis arrêté. La vue était extraordinaire. Je me suis préparé à manger et j'ai traversé le pont de 1500 mètres.




Sur l'autre rive, un homme rame en direction d'Östersund pour pêcher.

De l'autre côté, je n'ai croisé que des petits hameaux le long du lac. Parfois des maisons seuls. Le style est toujours le même, un bardage en bois horizontal, souvent rouge ou bleu, et des montants de porte et fenêtres blancs.



J'ai roulé une heure ou deux dans ce délicieux paysage et je suis arrivé au lieu-dit d'Ödland, par un pur hasard. J'ai été frappé de voir qu'un tout petit endroit en face d'Östersund s'appelait comme mon groupe de musique, nom choisit par Isabelle dans un conte imaginaire. Il y avait une maison à Ödland, j'ai appelé leurs habitants. C'était un Iranien expatrié à cause de la dictature de son pays qui vit ici depuis plus de vingt ans. Il n'a aucune idée d'où ce nom peut provenir.






Ödland


Ödland

Je suis évidemment parti explorer la forêt d'Ödland qui surplombe le lac. Elle est très jolie et dépasse tout ce que j'aurai pû imaginer sur ce lieu.


Forêt d'Ödland.


Forêt d'Ödland.


Öd.

Je suis redescendu, et j'ai continué de rouler sur encore plusieurs kilomètres. J'ai visité d'autres forêts, très belles aussi. J'ai demandé mon chemin pour savoir si le tour du lac était possible. On me l'a affirmé alors j'ai continué. Après un long moment j'ai découvert au bord du lac une vieille carrière abandonnée de laquelle viennent toutes les vieilles pierres d'Östersund. J'ai marché sur une avancée de terre dans le lac et j'ai vu que j'étais encore bien loin de faire le tour. Le temps se couvrait, j'ai décidé de vite faire demi-tour.
J'ai dû parcourir en tout une trentaine de kilomètres avec mon petit vélo et mon gros sac. Je suis retourné à la petite île près du pont où j'ai dromi de nouveau, bercé par le doux ressac. Je dors de plus en plus, à cause de mes nuits difficiles et de mes longues excursions à vélo, mais je fais attention à choisir des lieux très agréables.
Comme je suis seul, j'ai plus de temps pour penser. Je fais le point sur mon voyage, j'essaye de m'imaginer sur la carte. Je pense beaucoup à mon retour, à mes projets en rentrant, à la façon de gagner ma vie. Je pense énormément à mon groupe Ödland aussi. Il me manque terriblement. J'ai une envie folle de jouer, de lancer le petit orchestre. J'ai l'impression que mes doigts ont maigri, mes bagues achetées à Sofia sont plus lâches qu'avant. J'ai dû perdre la plus petite une ciquantaine de fois, mais je l'ai toujours miraculeusement retrouvée.
Après une sieste et une petite contemplation, je suis retourné en ville, pour la voir plus animée. Les gens me regardaient à nouveau comme un étranger. Cela ne me dérange pas en fait, j'en suis un. Mai je suis un peu peiné de voir que les Suédois ressemblent beaucoup à mes compatriotes. En particulier les jeunes, encore plus accors des marques et hype que la jeunesse parisienne. Je regrette beaucoup de ne pas être dépaysé de ce côté.
Peu de contact avec les gens d'ici mis à part une rixe avec un clochar et un long débat avec deux Pentecôtistes qui voulaient me faire connaître Jésus en moi.



En fin de journée, juste avant mon train, je suis retourné me ballader dans le petit port. Une vingtaine de voitures américaines de collections étaient exposées là par des passionnés d'automobile en vadrouille.






Gare d'Östersund.



J'ai pris un train en direction de Bräcke Station dans lequel j'ai rencontré un charmant Suédois avec qui j'ai discuté pendant tout le trajet. Il m'a appris beaucoup de choses sur la Suède car il est professeur en tourisme et donne des cours sur les excursions et les organisations de voyage dans son pays. Mon voyage l'a beaucoup passionné et il m'a expliqué qu'il était même possible de dormir n'importe dans les bois en Suède sans aucun risque. De façon générale, il est très facile de parler anglais avec les habitants de ce pays.
Nous avons tellement discuté que j'en suis venu à lui parler de mon groupe. À la gare de Änge, pendant notre correspondance, nous avions un accès internet et j'ai pu lui faire découvrir notre musique. Il a été très surpris des photographies avec le long chapeau à étoile. Il m'a demandé i je connaissais la tradition de la Santa Lucia. Je lui ai répondu que non, que j'avais décidé de faire un chapeau comme celui-ci parce qu'il me rappelait mon enfance. Il m'a alors décrit cette étrange tradition nordique le 13 décembre, où les jeunes garçons Suédois sont habillés en blanc et portent ce même chapeau. J'ai vraiment été frappé par cette tradition, elle est très étrange et pourtant j'ai l'impression de la connaître.
Il a ensuite regardé le vidéo-clip des Yeux de l'Oiseau et m'a encore demandé de quel genre d'oiseau il s'agissait. J'ai répondu que j'avais fait quelque chose entre la tourterelle et le pigeon, mais en très gros et en blanc. Il m'a expliqué que cette oiseau que j'ai créé est en fait un oiseau suédois appelé ripa, une espèce de grouse qui fait l'objet d'une admiration ici car il devient blanc en hiver pour se camoufler dans la neige. J'ai été intrigué par cette information car la chanson Les yeux de l'oiseau parle d'Ikea, le symbole de la Suède et que j'ai assemblé tous ces éléments sans savoir qu'ils étaient profondément lié au pays que je parcours.
C'est déroutant, j'ai l'impression de faire toutes ces choses dans une même direction, mais inconsciemment.

Le deuxième train nous a séparé. Nous voyageons pour Kiruna, la deuxième plus grande ville du monde. Il a réservé une couchette et pas moi.

Aucun commentaire: