14. Thessaloniki



Notre plan à Thessaloniki était donc de dormir sur la plage à la belle étoile. Ce que nous ignorions, c'était qu'il n'y avait pas de plage à proprement parler à l'intérieur de la ville. Au guichet de la gare, on nous a prévenu que ce projet était trop ambitieux pour nous, que la plage était vraiment trop loin et qu'il aurait mieux valu mieux prendre un bus. Mais nous nous sentions courageux et avons tenté l'aventure à vélo.
Et en effet, Thessaloniki est vraiment immense. Notre objectif était une région en dehors de la ville appelée Ikea. Nous avons traversé tout le centre-cille de nuit, et j'ai tout de suite trouvé cette cité magnifique et très vivante. Les quais n'ont aucune plage, aucun sable. Ce ne sont que des solides blocs de béton nus à perte de vue, sur lesquels la mer vient se frapper violemment. Ils sont larges et impressionnants. Nous avons fait une pause vers 23h30 pour goûter les Kebab d'ici. C'est le jour et la nuit avec les nôtre. Ici ils les préparent avec du porc, c'est juste délicieux.

Nous avons roulé encore et encore à travers la ville. En comparant le trajet parcouru avec notre petit plan, nous nous sommes rendu compte que l'ojectif IKEA était vraiment plus loin que ce que nous imaginions. Nous avons longé de nombreux clubs de nuit, des résidences, des stades, des barres d'immeubles pour arriver à une zone un peu plus déserte et mal éclairée. Nous savions que la plage était sur notre droite et voulions nous en rapprocher régulièrement, chaque fois que cela nous semblait possible, pour trouver un endroit agréable où dormir.
Nous sommes passé par un parking, un genre de terminus des bus de la ville et plus loin une route menait droit à la mer. Elle était très petite et complètement dans la nuit. Nous roulions tout doucement, faiblement éclairées par la lueur de nos dynamos. L'endroit était peu engageant, et nous étions effrayés à l'idée de dormir sur une plage dans ces conditions. La route passait au milieu de deux champs et nous nous rapprochions d'un grand bâtiment au loin. Tout à coup, un chien s'est mit à gueuler sur le bord du chemin et nous a foutu une trouille mémorable. Nous avons pédalé très vite jusqu'au bâtiment mais il ne nous a pas suivi. La route était barrée, le territoire privé, nous avons dû faire demi-tour.
Nous nous préparions à pédaler de toutes nos forces, il fallait accélérer quand le chien se mettrait à japper pour ne pas se faire mordre, et avancer coûte que coûte, même en cas de crevaison. Mais étrangement, le chien avait disparu et il ne s'est rien produit. Nous arrivions au bout du chemin quand trois voitures se dirigeaient sur nous, de trois points différents. L'une de derrière, l'autre d'en face et la dernière sur le côté. Nous pensions y passer. J'étais sûr que nous nous étions approché de quelque chose d'interdit ne sachant pas lire les panneaux et que de sérieux soucis nous attendaient. Mais encore une fois, c'était une fausse alerte, les trois voitures étaient un pur hasard et se sont éloignées chacune dans leur direction. Nous étions vraiment tendus et imaginions n'importe quoi avec la fatigue.
Nous sommes arrivés sur une très large route pour automobile où tout le monde fonçait comme des bolides. Nous étions dans la grande zone industrielle de Thessaloniki et j'ai été déçu de voir ce qu'ils ont fait de leur plage ici. On ne peut pas y accéder, il y a de grands magasins, dont IKEA, qui n'était pas une région comme je l'avais imaginé, mais le même magasin que dans le reste de l'Europe. Nous avons tenté de traverser un grand parking pour rejoindre la côte, mais nous avons été chassé férocement par des chiens de garde qui nous ont coursé.
Plus loin, après Kalamaria la route était impraticable pour nous, sans bas-côté. Nous devions faire demi-tour et il était déjà 2h30 du matin. Par chance, nous avons eu le dernier bus qui nous a ramené dans le centre. Nous avons essayé de dormir à la gare mais elle était fermée. Nous nous sommes résignés à dormir dans un tout petit espace vert au pied de la tour blanche Lefkos Pyrgos. Il y avait encore un peu de passage mais nous n'attirions pas trop les regards. Nous avons sorti nos duvets pour nous camoufler un peu et nous protéger du froid. Nous nous sommes servi de nos capelines imperméables comme tapis isolants. C'était effrayant mais en même temps très excitant. Nous nous sommes positionné dos à dos pour protéger nos sacs.
Un chien est venu rôder près de nous. Il y a beaucoup de chiens errants en Grèce, et ils sont parfois terrifiants. Celui-ci ne voulait pas nous lâcher. Il avait simplement besoin de compagnie pour la nuit. C'était donc notre chien d'un soir qui nous a protégé jusqu'au matin en japant après les intrus qui s'approchaient de nous. Quand le soleil a commencé à se lever, nous sommes allé nous coucher très près de la mer. C'était une incroyable sensation que de se laisser réveillé par les premiers rayons de soleil, couchés sur le sol de la ville. Une sensation de liberté ineffable que je n'aurai jamais imaginé. Notre chien était, j'avais très mal au dos car dormir à même le sol n'est pas de tout repos. Mais j'étais heureux d'avoir passé cette épreuve sans aucun soucis.



Après les folies de la nuit passée, nous avons prévu une journée calme. Nous avons visité les hauteurs de la ville avant qu'il ne fasse trop chaud. L'organisation est un peu anarchique mais je m'y suis beaucoup plus, reconnaissant à nouveau la même culture qu'en Italie du Sud, les mêmes petites rues organiques. La chaleur nous a poussé a redescendre en centre-ville et à manger de gentils poissons.












Nous avons appris que la seule piscine existante à Thessaloniki se situait dans un hôtel grand luxe appelé le Makedonia Palace, inaccessible pour nous. C'est très décevant de ne pas avoir de piscine dans ces pays chauds, issus de la culture antique. Je pensais que les bains seraient vraiment plus présents. Pour lutter contre la chaleur, nous avons dévoré une pastèque fraîche, toujours au pied de cette tour que finalement j'adore. En fin d'après-midi, nous avons essayé une glace, mais sans succès. Mitigés sur notre journée, nosu avons regagné la gare pour prendre le train en direction d'Istanbul.
Malheureusement, ce train ne comportait que des couchettes, coûtait un supplément de 30 euros et était complet ce soir-là. C'est la première fois que nous avons été confronté à ce genre de problème et nous avons décidé d'abréger notre séjour dans le Sud. Deux destinations ont sauté, Heraklion et Istanbul, mais nous avons rallongé nos séjours prochains à Budapest et Praha.
Pour remonter en Hongrie, nous avions prévu un deuxième arrêt à Sofia, et un autre à Beograd. Mais nous avons maintenant surtout envie de fuir, de partir loin des Balkans et de nous téléporter à Budapest. Nous devons pour cela voyager un jour et deux nuits durant, sans nous arrêter.
Dans le train Thessaloniki-Sofia, nous étions avec trois Chiliens très sympathiques avec qui nous avons beaucoup parlé et ri. Cette nuit, le voyage fut doux et nous sommes arrivé à Sofia sous la pluie, toujours aussi déprimant. La gare est vraiment dans un piteux état. Je me demande si elle a déjà été rénovée. Les escalators sont défoncés, les grandes marquises en béton armé fuient et sont infiltrées d'eau de pluie. Depuis le quai, j'ai pour la première fois remarqué la centrale nucléaire de la ville, étonnamment proche. J'espère simplement qu'elle n'est pas dans le même état que la gare.

2 commentaires:

Louis-Rémi a dit…

Moi qui pensait que 36 heures de voyage non-stop c'était déjà largement suffisant...

Mie a dit…

C'est fou tout ces immeubles à même la mer sur la photo du chien