32. Épilogue


La petite sacoche qui a passé un moi contre mon flanc. Elle m'a servi à ranger tout ce qui était important et que je ne voulais pas me faire voler pendant mon sommeil. J'ai vécu avec et transpiré dedans. Vers la fin, elle me piquait beaucoup.

Bien sûr qu'un voyage comme celui-ci est ineffable. J'ai même oublié beaucoup de choses. Je me souviens surtout d'ambiances. J'ai emporté de quoi faire un peu plus de 12 photos par jour. C'est peu, quand on est sur place, il faut vraiment choisir certains éléments et en délaisser d'autres.
J'ai vu plus de 30 villes d'Europe en un mois, c'est difficile à digérer mais c'est complètement grisant. J'ai envie de retourner dans plein de ces endroits pour les découvrir en profondeur. Mais ce ne sera jamais comme ce voyage où j'étais constamment dans le dépaysement. J'ai beaucoup parlé avec les étrangers, l'anglais m'est apparu comme une langue de l'ouverture. Quand une personne parle anglais mais que ce n'est pas sa langue maternelle, elle est dans une autre relativité, souvent moins méfiante. Le fait de rencontrer des voyageurs en cours de route est fabuleux aussi car pendant quelques heures on a vraiment l'impression d'être des amis de longue date. Et puis chacun continue sa route, on en entend plus parler et c'est comme ça.
Je ne peux pas dire que j'ai un endroit préféré parce que le plus important dans ce voyage était l'état de translation permanent plutôt que la vraie découverte des richesses d'un lieu particulier. Mais j'aime quand même adoré Praha, Budapest et Stockholm. J'aime la nourriture grecque et je suis heureux d'avoir passé une semaine complète en Suède, ce pays en vaut vraiment la peine.
J'ai souffert pendant ce voyage, parce que je me suis imposé des conditions de route très rudes, mais avec le temps on oublié tout le mauvais, on sublime et l'épreuve est importante pour apprécier pleinement d'arriver quelque part. On est fier de s'en être sorti et à chaque étape on est un peu plus sûr de soi.
Il faut vraiment peu de choses pour voyager, j'en suis maintenant convaincu. J'ai voyagé avec Louise trois semaines et le voyage à deux, quoiqu'on en pense, n'est rien d'autre qu'une bulle. On crée un cocon autour de la relation avec l'autre et ce cocon nous protège de l'inconnu. Un voyage avec quelqu'un, c'est plutôt un voyage à l'intérieur de la relation que l'on a avec cette personne. C'est dans la vitesse et la fatigue que l'on découvre vraiment qui est l'autre.
Avec le recul, l'ambiance aurait pu être horrible entre Louise et moi avec la fatigue et la saleté. Mais nous ne nous sommes jamais vraiment disputé ni séparé. C'est une chance.
Voyager seul c'est tout autre chose. C'est savoir que l'on va s'ennuyer, que l'on a personne pour partager les bons comme les mauvais moments. C'est éprouvant. Mais c'est un voyage avec soi-même où l'on a tellement de temps de penser à qui l'on est, ce que l'on veut, et de parler aux habitants d'un pays. L'expérience n'est pas du tout la même.


Les cartes que j'ai ramené. Je n'en ai qu'un peu plus de la moitié car nous partagions avec Louise.


Le ticket que je devais remplir chaque nuit.


Mon pass interail, qui m'a ouvert toutes les portes.


Mon trajet qui dessine de vrais zigzags sur le plan.


Les monnaies de singe qu'il me reste.



L'Europe m'a émerveillé, j'ai eu beaucoup de surprises. Il y avait des endroits que j'avais déjà vu en photo où que j'imaginais très bien. Mais y être, relier les capitales en quelques jours et tout confondre dans son cerveau est une superbe soupe. Les monnaies se brouillent, les langues se mêlent, les cultures se connectent. J'ai survolé l'Europe mais la culture y est folle. Chaque lieu a une histoire fournie, il faudrait s'y arrêter plusieurs mois pour comprendre.

Je n'ai dormi que deux fois dans un lit, et une fois dans un train-couchette. Le reste du temps j'étais dans des sièges ou allongé sur un banc. Je n'ai pas dépensé plus d'argent que si j'étais resté à la maison. Je ne me suis rien fait voler à part une selle de vélo. J'ai payé très peu de suppléments de train, le prix du trajet n'a donc dépasser que de peu les 400 euros. J'ai ressenti des choses très fortes en Suède et je meurs d'envie d'y retourner. Je vais m'acheter des bouquins d'Histoire et les dévorer.

Je pensais que ce voyage serait dans une ambiance XIXe siècle et Jules Verne avec les nuits en trains. Mais j'ai surtout été confronté aux drames, guerres et génocides du XXe siècle. L'Europe est belle mais déchirée entre Sarajevo, Beograd, Sofia, Oświęcim, Warszawa, Berlin et Budapest. Partout on peut y lire les traces terribles du passé. Ce voyage du mois d'août aura été l'un des plus fantastiques pour moi, je sais maintenant tout ce qu'il est possible de faire avec cette puissante machine que l'on appelle Train.

7 commentaires:

Claire ROBERT a dit…

très beau carnet de voyage…un voyage à bord de mon écran. bonne suite dans tes projets.

ROBERT Claire

vincent a dit…

Oui, ça donne des fourmis dans les pieds :))merci pour ce périple!

Le Ver Pinçant a dit…

Formidable carnet ! Je l'ai découvert simplement sur le forum Holga... C'est un vrai plaisir à lire et à regarder. Certaines photos sont tout simplement magiques. Tout ton récit est irréel.
Ça m'a aussi permis de découvrir ton groupe. J'adore tout votre univers ! :)

la fin des temps a dit…

Et maintenant que dire?
Merci pour ce voyage :)
les photos sont très belles et c'est vrai que tout semble un peu irréel.
Et ça me donne horriblement envie de partir. Encore partir.

Mei-li a dit…

magique ! je trouve qu'il faut beaucoup de courage pour avoir fait ce voyage, c'est très dur de se surpasser sois même, bravo !
cela me donne envie de voyager.
MERCI de nous avoir fait partager toutes ces photos et ces sons ( d'ailleurs quel appareil as-tu utilisé pour les enregistrer ? ).
j'espère un jour pouvoir me surpasser et effectuer un voyage de ce genre, et m'en donner l'opportunité !!

Bonne continuation pour tes projets

Anonyme a dit…

Merci beaucoup de nous avoir fait partager cette aventure.
J'ai dévorée les 31 étapes de ton périple en 2 jours.
Je ne rêve maintenant plus que d'une chose et ce grâce à toi : voyager.

Merci merci merci

Elea Naiko a dit…

Superbe récit qui donne envie de voyager !
Merci pour ça et pour tout ce que tu fais.